Erasmus, 25 ans, se refait une jeunesse
De son adoption par la Commission Européenne en 1987 à aujourd’hui, le programme a permis à 3 millions d’étudiants européens d’étudier dans une université étrangère. Pourtant menacé par la crise économique et financière que traverse aujourd’hui l’Europe, Erasmus se dirige désormais vers un futur très ambitieux. Son histoire prend un tournant décisif, avec l’adoption par la Commission, le 26 juin 2013, du projet « Erasmus + ».
Les dirigeants européens entendent ouvrir l’accès à ce programme à davantage de citoyens. L’objectif est de permettre la mobilité de 4 millions d’Européens entre 2014 et 2020, c’est-à-dire 20% d’étudiants, au lieu de 1.5% aujourd’hui. Pour y parvenir, le projet prévoit de fusionner 7 programmes d’échanges européens en un seul : Erasmus +. Parmi ces 7 programmes, figurent Comenius (permet aux enseignants de suivre une formation dans une université étrangère), Erasmus Mundus (encourage les échanges entre l’Europe et le reste du monde) ou encore Leonardo Da Vinci (concerne les formations professionnelles). C’est donc un travail de restructuration profonde du programme qui est en œuvre aujourd’hui.
Le budget est lui aussi revu à la hausse, en accord avec les nouvelles ambitions. Il passe de 9 milliards à 16 milliards d’euros pour 7 ans. Cette augmentation de 40% propulse Erasmus + au sommet des priorités des programmes d’éducation, de formation, de la jeunesse et des sports. Erasmus + s’inscrit donc comme un véritable investissement pour l’avenir, et un défi à relever pour cette Europe en crise.
Un système de prêts controversé
Toutefois, si le tableau paraît idyllique, une mesure phare de ce programme inquiète une partie de la classe politique européenne : le nouveau système de prêts. Les programmes d’échanges proposent aujourd’hui des bourses, parfois d’un montant dérisoire (124€/mois en moyenne en France). Afin de compléter ce système de bourses et à terme, continuer à financer le programme, l’attribution de prêts à taux réduits, garantis par l’UE, a été décidée. Un étudiant en master pourrait alors emprunter à taux réduit, jusqu’à 12 000€ pour un an ou 18 000€ pour deux ans, dans le cadre d’un échange Erasmus +.
Des membres de la gauche européenne estiment que ces prêts pourraient remplacer le mécanisme d’attributions de bourse dans certains Etats comme la France. Plus encore, ils estiment, comme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur, que ces prêts nuiraient à la démocratisation d’Erasmus. Le risque encouru serait d’ « accentuer la tendance de plus en plus forte à faire peser le financement des études sur les étudiants, ce qui accentuera les inégalités d’accès aux programmes de mobilité européens ». Cette dernière préconise d’ailleurs, l’augmentation des bourses Erasmus, avec prise en compte de critères sociaux. Les négociations sont donc toujours en cours, quant au montant du plafonnement des taux d’intérêts.
Marie-Noëlle Brunot
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