De l’inégalité des ultra-marins en Hexagone
« Allô? Bonjour [Mme la responsable d’agence], j’ai en face de moi un client qui souhaite obtenir un prêt étudiant, mais sa caution vient des îles : c’est possible ou pas ? » Non, cette phrase n’a pas été prononcée par un banquier en manque d’exotisme dans les années 40 mais bien en 2013. Outre l’accès au crédit, les citoyens ultramarins en hexagone connaissent encore de nombreuses inégalités dans de nombreux domaines.
La persistance de ces inégalités, fréquentes et récurrentes, dont nous avons tous entendu parler (sinon vécues) a motivé la création de la Délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français des outremers. A sa tête, Sophie ELIZEON remplace Claudy SIAR depuis l’année dernière. Les actions de la délégation s’articulent autour de trois axes :
la prévention des pratiques discriminatoires
l’action visant la correction de ces pratiques
la coordination entre les différents ministères, services et partenaires de l’Etat
Ce plan a pour but de valoriser «l’audace ultramarine ». C’est d’ailleurs le sujet d’un colloque en septembre dernier au Sénat et qui a réuni des intervenants de différents horizons : délégation sénatoriale à l’outre-mer, Défenseur des Droits, historiens, sociologues et autres chercheurs du CNRS etc. Ce colloque « l’audace ultramarine en Hexagone : comment s’exprime-t-elle ? comment s’incarne-t-elle » s’est organisé autour de trois grandes questions : « Peut-on définir les ultramarins de l’Hexagone ? Qui sont les ultramarins de l’Hexagone ? Quels chemins vers la réussite ? « (la vidéo ici).
Une des solutions envisagées à cette troisième question est la formalisation du partenariat entre le Défenseur des Droits et la Délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français des outremers. Le rôle du Défenseur des Droits est de régler les litiges entre l’administration et ses usagers. Cette nouvelle convention permettra un échange d’informations systématique entre les deux instances
Parmi les partenariats engagés par la Délégation, on compte également celui avec l’association « GIVE1project ». Ce partenariat a pour but de permettre à de jeunes ultramarins de bénéficier du programme de Leadership développé et accompagné par « GIVE1Project » au sein d’entreprises des Etats-Unis.
Enfin, il est à noter qu’un appel à projet de la Délégation est en cours. Celle-ci cherche à promouvoir, en les subventionnant, des associations ultramarines en Hexagone qui agissent en faveur de la jeunesse, dans le champ de l’économie sociale et solidaire, celui de l’emploi et la formation, et enfin de la santé et la prévention sanitaire
La mission de la Délégation se présente comme un ajustement des dysfonctionnements du système actuel. Ses objectifs sont pourtant ambitieux et laissent en droit de s’interroger sur leur possible efficacité à moyen et plus long terme.
Marie-Noëlle BRUNOT
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