Protéger et développer notre archipel : rencontre avec Azaria REMION
La protection de l’environnement est un enjeu d’actualité, notamment aux Antilles. Cet archipel doté d’une très riche biodiversité demande à être préservé. Les sargasses, ces algues brunes venant s’échouer sur les côtes depuis plusieurs années, peuvent perturber l’écosystème local et sont également nocives pour la santé. Il n’est cependant pas impossible de tirer profit de ces algues. Rencontrons Azaria REMION porteuse du projet « Sargscreen by Collabioration » visant à transformer et valoriser les sargasses, et créatrice de la start-up Collabioration.
Pouvez-vous vous présenter ?
Originaire de Martinique, j’ai obtenu un BAC S, puis fait des études en biologie à Paris. J’ai continué avec un doctorat en biologie médicale. De retour en Martinique, j’ai lancé ma start-up avec le Village by CA, incubateur de start-ups. J’ai alors créé Collabioration, une start-up d’expertise scientifique dans les biotechnologies.
Pouvez-vous présenter votre start-up ?
Il y a du potentiel en biologie aux Antilles, que ce soit en santé ou en environnement. Collabioration est une entreprise de recherche et développement en biotechnologies, offrant une expertise de scientifiques Caribéens à des porteurs de projets innovants.
La biotechnologie est l’utilisation de matériaux vivants pour en faire des technologies, comme la production d’ingrédients actifs d’origine naturelle (ou bio-ingrédients) pour les industries. Avec cette entreprise, nous visons à développer l’attractivité et l’économie de la Martinique, mais aussi à donner plus d’opportunités aux talents du secteur scientifique qui peuvent avoir du mal à rentrer. D’ailleurs, cette année nous accueillons Mélanie LEBON, ingénieure en biotechnologies diplômée de Sup’Biotech, comme Ingénieure projet R&D.
Pouvez-vous nous parler du projet Sargscreen ? D’où vous est venue l’idée de valorisation des sargasses ?
Après recherches, j’ai constaté que les sargasses ont des propriétés similaires à d’autres algues utilisées dans le milieu médical (contre le cancer notamment), ou pour des cosmétiques. L’idée était de valoriser ces sargasses pour proposer des produits innovants.
Le projet a donc permis d’identifier les potentielles utilisations des sargasses dans les industries agro-alimentaires, chimie, cosmétiques et pharmaceutiques, et de développer de nouveaux bio-composants et bio-process à partir de ces algues.
Quelles difficultés avez-vous rencontré dans le lancement de votre start-up ?
La fuite des cerveaux en Martinique est semblable aux pays en guerre ou face à des épidémies. On perd 4 500 habitants par an, c’est énorme. Il s’agit principalement des plus hauts diplômés.
Quand on rentre au pays on a un peu tous le complexe du sauveur, on veut faire avancer et changer les choses. Mais on ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé. Il n’y a pas assez d’aides pour entreprendre, trop de difficultés pour trouver des financements. J’ai participé à un concours de projets, mais les financements ne sont toujours pas arrivés. Au début c’est difficile, on pense à repartir. Je pense qu’il faut bien deux ans pour se décider à rester. Il y a aussi un manque de projets innovants pour donner envie aux jeunes diplômés de rentrer.
Qu’est-ce qui vous a motivé à rentrer en Martinique ?
Il y a eu plusieurs évènements, comme les cyclones ou les sargasses qui m’ont fait me sentir un peu loin de mon île. Il y avait cette envie de solidarité, d’être utile. Je voulais aussi me reconnecter à mon île, ma culture. Retrouver ce climat, ce cadre, les traditions culinaires. Mais pensez à avoir un travail quand vous rentrez, même juste un job alimentaire, car c’est stressant de devoir chercher, une fois rentré. Ce n’est pas normal de devoir vivre loin de chez soi, de s’y sentir obligé. Je me suis attaché à Paris, c’était génial en termes de débouchés dans mon domaine, mais j’avais ce besoin de rentrer.
Auriez-vous un dernier conseil à donner aux jeunes qui souhaitent rentrer aux Antilles ?
Comme je le disais avant, il faut parfois s’accrocher, et se détacher du complexe du sauveur.
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