Posté par: Karen ELISABETH Catégorie: Actualités, Articles Date de publication: 9 décembre 2013

La fuite vers l’étranger des diplômés des grandes écoles françaises

Le phénomène d’expatriation des jeunes diplômés français a pris durant ces dernières années, une ampleur de plus en plus importante. Selon le ministère des affaires étrangères, il y a actuellement 1,6 millions de français inscrits sur les registres à l’étranger dont environ 155 000 sont âgés de 18 à 25 ans, soit une augmentation de 14% en 5 ans. Et ce phénomène ne semble pas prêt de s’essouffler puisque le nombre de jeunes envisageant un départ à l’étranger a explosé, +27% cette année. Ce constat est encore plus visible dans les grandes écoles. En effet, respectivement 10% et 20 % des étudiants en école d’ingénieurs et de commerce partent une fois les études terminées. Cela représenterait un effectif de 40 000 jeunes diplômés. En 2010, 13% des diplômés des grandes écoles étaient en poste hors de France. Et plus l’on monte dans la hiérarchie des écoles plus la tendance s’affirme. Ainsi, selon une étude de l’institut Harris Interactive, 79% des 975 étudiants en dernières années de neufs des plus grandes écoles du pays n’excluent pas de rechercher leur premier emploi à l’étranger.

Quelles sont les raisons de cet exil ?

• Recherche de travail trop longue et difficile en France hexagonale

La crise est passée par là, les statistiques le montre. L’insertion de la promotion 2012 marque une légère baisse de 3.5% par rapport à 2011 concernant le taux net d’emploi chez les diplômés des 167 grandes écoles. Cette atmosphère morose sur le marché du travail combiné à un patriotisme moins marqué (seuls 51% d’entre eux jugent très important de se rendre utile à la société) explique en partie le regain d’intérêts de ces jeunes pour un départ à l’étranger.

• Conditions de travail optimales

Un certain nombre d’autres facteurs tels des salaires plus élevés laisseraient penser que ces diplômés sont davantage motivés par des objectifs financiers. Cependant, c’est bien l’obtention d’un métier épanouissant et enrichissant qui semble primer à leurs yeux. Et pour répondre à cette attente un départ à l’étranger semble être la voie royale puisque celui-ci va souvent de paire avec une reconnaissance sociale plus importante, des opportunités plus nombreuses et de bonnes perspectives d’évolution. Un départ à l’étranger représente donc à leurs yeux un véritable tremplin pour leur carrière.

• Valorisation de l’ « international »

Cette envie de départ prend aussi racine dans le fait que les expériences à l’international sont de plus en plus valorisées dans le monde du travail et ceci est mis en avant dès les études en grandes écoles. Un séjour à l’étranger semble être devenu un passage quasi obligé durant les formations en grandes écoles. Ainsi 79% des étudiants interrogés par l’institut Harris Interactive sont partis à l’étranger dont 42% pour un stage : une véritable internationalisation des cursus. De plus il est souvent valorisant d’avoir travailler à l’étranger lors d’un retour en France hexagonale, et pour certains jeunes diplômés de grandes écoles françaises l’expérience internationale sur le CV prime.

La tendance qu’ont les diplômés des grandes écoles à se projeter à l’étranger tient donc davantage de la recherche d’épanouissement personnel que d’une véritable fuite des cerveaux. Ce phénomène ne semble pas épargner les jeunes diplômés antillais puisqu’une grande partie d’entre eux préfèrent rester en France hexagonale ou à l’étranger une fois leurs études terminées. Ainsi, 43% des diplômés du supérieur âgés de 18 à 34 ans natifs des DOM résidaient en France hexagonale contre seulement 14% des peu ou pas diplômés. Les jeunes diplômés ultramarins ont donc plus tendance à ne pas rentrer dans leur département d’origine que leur homologue nés en France hexagonale. Ceci participe au ralentissement du renouvellement des élites en Martinique et en Guadeloupe alors que ces dernières sont en manque de diplômés jeunes et qualifiés.

 

Dimitri BEHARY-LAUL-SIRDER

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